L’histoire ne nous a pas transmis de sources directes décrivant le peuple phénicien. Il n’existe pas de texte écrit et les informations ne nous sont parvenues que par l’intermédiaire d’écrivains, témoins et historiens d’autres peuples. Très probablement ce peuple s’est formé autour de 2500 av. J.-C. à la suite de différents processus et phases de migration de peuples de la région de l’actuel Liban et de son arrière pays et sur la côte entre le fleuve Nahr el-Kelb et le Mont Carmel ; une région qui prit le nom de Phénicie.
Les Phéniciens étaient une branche du peuple cananéen, qui occupait une bonne partie de la Palestine avant sa conquête par les Israéliens. Provenant d’une région plus au sud, à l’extrémité de la Mer Rouge, les Phéniciens s’installèrent sur ce territoire vers 2500 av. J.-C. Les Phéniciens appelaient leur terre « Canaan » mais s’appelaient « Sidoniens ». Ce nom se retrouve également chez Homère. Dans l’Ancien Testament, en outre, un roi de Tyr est appelé « roi des Sidoniens ».
Le terme « Phéniciens », qui provenant de la manière dont les Grecs désignaient ce peuple, dériverait peut être d’un mot égyptien. Cependant l’explication commune est de relier ce terme au mot grec qui signifiait « rouge ». En effet, les Grecs indiquaient ce peuple par le nom de leur produit le plus caractéristique, la pourpre. Mais leur nom pourrait également dériver de la couleur de leur peau, rougie au soleil. (B.H. Warmington)
Les Phéniciens ne formèrent jamais un état uni, c’est pourquoi leur histoire coïncide avec leurs villes états : Byblos, Arwad, Tyr, Sidon, Ougarit, etc. ; villes qui restèrent presque toujours indépendantes les unes des autres et furent souvent rivales. Elles étaient composées d’un territoire limité sur lequel le souverain de la ville exerçait son pouvoir. De ce fait ces villes étaient plus fragiles face aux dangers extérieurs et aux peuples envahisseurs.
Dès le IIIe millénaire av. J.-C., l’Egypte noua avec les villes phéniciennes, Byblos en particulier, des liens culturels et commerciaux toujours plus étroits qui dans le temps se transformèrent en une souveraineté égyptienne sur la Phénicie. Cette suprématie sera remise en cause par l’affirmation de l’empire hittite et de la reconquête de leur indépendance des villes phéniciennes. Toutefois, l’influence égyptienne perdurera bien que limitée aux arts et à la culture. En politique s’affirmera l’hégémonie de Sidon sur les autres centres suivie par celle de Tyr.
Pendant ce temps les Phéniciens étendirent leur influence sur une bonne partie du bassin méditerranéen (depuis le VIIIe siècle av. J.-C.) en fondant des comptoirs et des sites à Chypre, Rhodes (Camiro, Ialiso) sur la côte de l’Asie Mineure, en Crète (Itanos) sur la côte nord-africaine, sur la côte méridionale de l’Espagne, Malte, Pantelleria, en Sicile et Sardaigne. Dans un premier temps, l’expansion phénicienne était liée uniquement à des intérêts commerciaux, sans objectif de coloniser un vaste territoire. Ceci permit aux Phéniciens de rester, contrairement aux Grecs, en bonne relation avec les populations indigènes. Par la suite, l’expansion phénicienne assuma également un caractère politique alors que l’affirmation de l’empire assyrien poussait les Phéniciens à chercher une nouvelle patrie.
Carthage, « ville neuve », dont la fondation remonte au VIIe siècle av. J.-C., a été pendant longtemps un simple point d’ancrage sur le trajet entre l’Espagne et Tyr qui restait considérée comme la mère patrie. Mais autour du VIIIe siècle av. J.-C., la concurrence des Etrusques et des Grecs, la guerre contre les Assyriens, les bouleversements des villes, les interruptions des rapports commerciaux feront de Carthage la cité phénicienne la plus importante. Le centre de la vie phénicienne se déplaça vers elle, dont l’avantage était de se trouver exactement au centre de la Méditerranée.
« Alors que Carthage fut détruite par les Romains après les fameuses guerres puniques, en 146 av. J.-C., les cités phéniciennes du Moyen Orient furent soumises par Alexandre le Grand, et furent incluses en 64 av. J.-C. dans la province romaine de Syrie, perdant ainsi toute indépendance politique. » (Fernand Braudel)